Adolphe Laferrière

Lettre autographe signée, Paris, après 1842.

Ses nombreux créanciers l'ont forcé à leur abandonner la moitié de ses appointements au Vaudeville. Il a ensuite été obligé de quitter le Vaudeville ce qui lui restait de ses appointements, ces derniers ne suffisant plus aux exigences de ma profession.

Il a pu obtenir de Max Revel (Monsieur Doucet), directeur du Théâtre Historique, un engagement à titre d'essai mais, pour cela, il a besoin que ses créanciers acceptent une trêve de dix mois pour lui permettre de travailler sans préoccupation, ce qui lui permettra, sans doute, d'améliorer sa condition et de se libérer une bonne fois pour toutes.

Mon cher monsieur,

Par jugement du tribunal civil de la Seine du 22 juillet 1842, j'ai abandonné à mes créanciers la moitié des appointements que j'avais au vaudeville ; cependant, malgré ce sacrifice, les retenues qui ont été partagées au marc-le-franc, on m'ont produit en définitive que peu de chose pour chacun d'eux, ou ont été absorbées par les frais. néanmoins ces oppositions qui ont si peu profité à la masse de mes créanciers, m'ont causé un préjudice si considérable que j'ai été obligé de quitter le vaudeville ce qui me restais de mes appointements ne suffisant plus aux exigences de ma profession.

Depuis lors, j'ai végété, tantôt en province, tantôt à Paris, quand enfin un engagement au Théâtre historique s'est présenté, qui me donne l'espoir par la suite, de faire face à mes obligations.

Cependant cet engagement n'a eu lieu qu'à titre d'essai, et à une condition que d'ici au 10 mai prochain je représenterai à mon Directeur l'assentiment, que je devrai solliciter de mes créanciers, de suspendre contre moi pendant un an, toutes poursuites de saisie ou d'opposition ; et n'a été fait que pour dix mois ; -

Malgré la modicité de mes appointements, cet engagement est pour moi une question d'avenir, et de garantie pour mes créanciers car pendant ce laps de temps, tranquille d'esprit, je pourrai me livrer sans préoccupation à mon travail ; il en résultera, sans doute, une amélioration dans les conditions d'un engagement ultérieur, et qui me permettra de me libérer enfin de ce que je dois.

Si au contraire cette tranquillité dont j'ai si grand besoin, ne m'était pas accordée, mon engagement serait résilié et je me retrouverais dans la nécessité d'abandonner une position qui eût pu me permettre d'arranger mes affaires, et de retourner en province où mes appointements ne me permettraient de faire que bien peu de sacrifier pour acquitter mes malheureuses dettes dont je m'occupe sans cesse.

Il est donc évidemment de votre intérêt, Monsieur, comme du mien, de consentir à la trêve momentanée que je sollicite. Pendant ces 10 mois je travaillerai sans relâche à me procurer les moyens de vous désintéresser le plus tôt possible, et j'ai l'espoir de réussir.

Après y avoir réfléchi, je vous prie d'avoir l'obligeance d'adresser votre adhésion en forme de lettre, à Mr. Doucet, mon mandataire, rue du coq St Honoré n°100, Je vous en aurai la plus grande obligation.

Agréez, mon cher monsieur, mes salutations empressées,
Ad. Laferriere

Monsieur
Monsieur Nonon
rue du faub. montmartre n°8