André Breton

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André Breton offre de captivants éclaircissements sur son Manifeste du surréalisme.

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En détail

Lettre autographe signée, Paris, 25 décembre 1964, 2 pages in-4°, à André Lazar.

Sublime lettre empreinte d'une profonde érudition dans laquelle André Breton offre de captivants éclaircissements sur son Manifeste du surréalisme.

Dans cette lettre rédigée deux ans avant sa mort, André Breton répond au traducteur André Lazar, concernant des éclaircissements sur son Manifeste du surréalisme. Il exprime sa satisfaction quant à la publication en hongrois de son Manifeste et précise quelques points demandés par Lazar.

Breton explique ainsi que le terme « grecques » utilisé dans le Manifeste se réfère à une critique négative de l'ornementation (il n'hésite d'ailleurs pas à dessiner une clef grecque) et des héroïnes de Racine. Il mentionne également que le mot « dissimulons » renvoie à une époque où les romans étaient remplis de mystères et de crimes. Il reconnaît également ne pas avoir retrouvé le titre exact de l'ouvrage de Swedenborg mentionné par Nerval et précise sa référence à Alphonse Rabbe, auteur d'une « Philosophie du Désespoir » et souligne que Baudelaire lui accorde un « style éternel ».

Enfin, Breton mentionne une phrase attribuée au Maréchal de Turenne : « Tu trembles, carcasse ! », qui aurait été utilisée pour contenir l'émotion physique sur le champ de bataille.

Paris le 25 décembre 1964.

Cher Monsieur,

Votre lettre, datée du 20 novembre, m'est parvenue avec un grand retard. Je salure très spécialement - de cœur - la publication en langue hongroise et par vos soins du Manifeste de 1924. Il n'est rien que nous tenions pour plus désirable, mes amis surréalistes et moi.

Je crains fort que vous n'ayez dû vous passer des quelques éclaircissements que vous attendiez de moi, la plaquette annoncée aux éditions Gondolat ayant eu tout le temps de paraître. A toutes fins ultérieures, je vous réponds toutefois point par point.

1. - Le mot « grecques », p.29, est employé ici, par moi, en mauvaise part : il vise à ne faire qu'un des héroînes de Racine et de l'ornement [dessin d'une clé grecque] connu en architecture sous ce nom, ceci pour exprimer la lassitude :

« A la fin tu es las de ce monde ancien
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
»
(Apollinaire : Zone)

2. - « Dissimulons », p.29 : « C'est à qui [au début du XIXe siècle] prouvera le plus de fantômes dans les vieux châteaux, à qui imaginera le plus de mystères et de crimes. Cuisin, qui parodie ce genre « noir » dans ses Ombres sanglantes et ses Fantômes nocturnes, y résume [ironiquement] tout ce qu'il y a d'effrayant dans le roman de cette époque. » (Le Roman terrifiant ou roman noir de Walpole à Anne Radcliffe, par Alice M. Killen, Librairie Champion, 1924).

3. - Je n'ai pu retrouver le titre de l'ouvrage de Swedenborg qui inclut les « Mémorables » dont parle Nerval, bien que de brèves et étranges notations de Swedenborg également mentionnées sous ce titre me soient passées depuis lors sous les yeux.

4. - Page 41, il s'agit d'Alphonse Rabbe (je dis bien : RABBE), auteur d'une « Philosophie du Désespoir » où le pessimisme est porté à son point culminant. Le meilleur d'Alphonse Rabbe (né en 1786, mort en 1830) tient dans les deux volumes de ses Œuvres posthumes, Paris, librairie de Dumont, 1836, précédées d'une importante pièce de vers de Victor Hugo :

« Hélas ! que fais-tu donc ! ô Rabbe, ô mon ami !
Sévère historien dans la tombe endormi !
»
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C'est à Rabbe - et Chateaubriand - que Baudelaire accorde le « style éternel ».

5. - « Tu trembles, carcasse ! » est un mot que l'histoire prête au Maréchal de Turenne (1611-1675) et par lequel il aurait trouvé le moyen de réfréner tout émoi physique sur le champ de bataille.

Cher André Lazar, j'espère ainsi à votre demande n'avoir rien laissé de trop dans l'ombre et je déplore seulement que ces menues lueurs soient mis trop longtemps à vous joindre. J'y ajoute mes vœux les plus vifs pour vous et ceux qui vous sont chers.

André Breton

André Breton 42 rue Fontaine Paris (IXe).

Références biographiques
André Breton
André Breton

André Breton (1896-1966) est un poète et écrivain français, jouant un rôle central en tant que chef de file et théoricien du surréalisme. À travers des œuvres littéraires marquantes telles que Nadja, L'Amour fou et les Manifestes du surréalisme, Breton a façonné le mouvement surréaliste et a contribué de manière critique et théorique à l'écriture et aux arts plastiques. Son influence considérable a fait de lui une figure emblématique de l'art et de la littérature française du XXe siècle.

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André Lazar
André Lazar

André Lazar est un écrivain, journaliste et traducteur de textes franco-hongrois.

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Caractéristiques
01-1048
Type
Lettre autographe signée (L.A.S.)
Lieu
Paris, France
Date
25 décembre 1964
Nombre de pages
2
Format
In-quarto (in-4°)
Langue
Français
Sujet
Art
Littérature
Bibliographie
André Breton, Œuvres complètes I, éd. Marguerite Bonnet, p. 1350.
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