Anna de Noailles
Lettre autographe signée, [Paris], [janvier/février 1933], à Marthe Francillon-Lobre.
Lettre autographe signée, [Paris], [janvier/février 1933], à Marthe Francillon-Lobre.
L'une des dernières lettres d'Anna de Noailles.
Émouvante lettre à son médecin : « Adieu, ma chère amie, j'ai fait des efforts héroïques et d'une souffrance qui dépasse tout ce que l'esprit et le cœur peuvent supporter. Quand vous avez des jours difficiles pensez à moi qui ai trop souffert pendant un an et qui meurs loin de vous que j'ai tant aimée. »
D'une écriture tremblante, la poétesse envoie ses adieux à son gynécologue, Marthe Francillon-Lobre, amie proche dont « l'amitié [la] [retenait] encore dans la cruelle vie » (citation que l'on retrouve dans un exemplaire de La Domination avec un envoi d'Anna de Noailles à son médecin).
Alitée et souffrant terriblement, elle n'eut plus la force d'écrire au cours du mois de février, dictant ses derniers vers à ses proches. Après sa mort, une dernière lettre fut remise à cette amie fidèle : « Chère Madame Lobre, Je meurs dans les plus grandes souffrances humaines que seule soi-même on peut connaître; c'est l'enfer. Je suis seule; aucune main bien-aimée, aucun regard n'aide la pauvre enfant que je suis. J'ai le bonheur de mourir avant vous. Oublions tout ce qui ne fut pas les heures confiantes et éblouissantes de la sainte amitié. Je vous confie tout ce qui reste à faire pour moi. Pensez aux pauvres pastels qui sont rue La Boétie à la fantaisie de la chère Comtesse Greffulhe.
Au nom du cher Barrès, Lorrain, usez pour ce qui est de la publication de mes livres de la femme d'Anne-Jules qui n'a parlé de vous qu'avec respect; pour tout ce qui concerne mes livres, manuscrits, photos, mises en désordre effroyable(s).
Chère Lobre, recueillez en votre cher coeur tout ce qui fut votre enfant suppliciée qui ne croyait pas qu'un tel martyre fût possible. Je n'ai pas tenu tranquillement votre main en mourant, ce qu'avait espéré le cher Barrès. Vous imaginez quelle agonie, quelle mort. Votre malheureuse amie qui attend pour après tous les soins de votre pieux souvenir. Dites à votre cher mari et à votre nièce parfaite ce que fut ma silencieuse affection. Pensez quelquefois à mon petit collier de Perlette. Anna » (Elisabeth Higonnet-Dugua, Anna de Noailles, cœur innombrable, 1999).
Première femme interne des Hôpitaux de Paris, médecin-chef du service militaire de l'hôpital Cochin et directrice du service du Professeur Gosset à l'hôpital de la Salpêtrière, Marthe Francillon-Lobre a été le dernier médecin d'Anna de Noailles.
Madame Lobre
Adieu, ma chère amie, j'ai fait des efforts héroïques et d'une souffrance qui dépasse tout ce que l'esprit et le cœur peuvent supporter. Quand vous avez des jours difficiles pensez à moi qui ai trop souffert pendant un an et qui meurs loin de vous que j'ai tant aimée.
Anna
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles (1876-1933), née Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et une romancière française, d'origine roumaine.
En savoir plus...Marthe Francillon-Lobre est un médecin gynécologue et radio-thérapeute français. Elle était la première femme interne des Hôpitaux de Paris, médecin-chef du service militaire de l'hôpital Cochin et directrice du service du Professeur Gosset à l'hôpital de la Salpêtrière. Elle est également connue pour avoir été le dernier médecin d'Anna de Noailles et la femme de l'artiste peintre Maurice Lobre.
En savoir plus...- Type
- Lettre autographe signée (L.A.S.)
- Lieu
- Paris, France
- Date
- janvier/février 1933
- Nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Sujet
- Maladie
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