Blanche Lamontagne-Beauregard

Lettre autographe signée, Québec (Canada), 25 février 1919, 4 pages in-8°, à Pierre Aguétant.

Belle lettre dans laquelle Blanche-Lamontagne Beauregard témoigne de son admiration émue pour le recueil de Pierre Aguétant, décrivant son impact profond et son souhait de partager cette œuvre.

Blanche-Lamontagne Beauregard trouve son livre « Pour ceux qui pleurent » exquis, décrivant sa tristesse profonde mais teintée d'espoir. Selon elle, cette œuvre est un véritable chant fraternel adressé à ceux qui souffrent. Touchée jusqu'aux larmes, elle partage le livre avec ses amies, contribuant ainsi à propager la beauté de l'œuvre.

Elle est reconnaissante que sa sympathie naturelle pour le Canada lui ait fait passer outre les faiblesses de son travail. Elle exprime son espoir avec joie en affirmant :

« Et je me dis avec plus de joie des mots d'ambitieuse espérance. N'avons-nous pas l'avenir et la jeunesse, et la route blanc de la poésie n'est-elle pas infinie ? A nous la beauté ! A nous l'idéal ! Chantons l'âme de notre pays et la force de notre race ! Je crois pouvoir finir un nouveau recueil à l'automne. Dieu fasse qu'il soit un peu digne de ma patrie ! »

Elle exprime également le désir de rencontrer son correspondant, souhaitant que leur fraternité se transforme en « une amitié que le temps ne peut qu'accroître ».

Ville de Québec. 64 - rue Ste-Anne.
Province de Québec. Canada.
25 Février 1919.

Cher Monsieur Aguétant,

Je suis confuse de n'avoir pas encore répondu à votre lettre datée de novembre. Il est vrai qu'elle m'est arrivée en retard. Et puis, vous devinez bien que j'ai toujours beaucoup de correspondance.

Enfin, acceptez toutes mes excuses.

Ce silence ne m'a pas empechée de trouver exquis votre « Pour ceux qui pleurent ». C'est un chant de dure tristesse et d'espérance. C'est surtout le bonjour ému d'un frère à ses frères qui souffrent. Enfin, c'est une âme tendre qui ouvre ses ailes. Ce livre m'a émue jusqu'aux larmes. Puisque, d'après Tolstoï, et tant d'autres, les plus belles œuvres sont celles qui font naître le plus d'émotion, votre petit livre est une œuvre d'un art le plus pur et le plus vrai. Je le passe à mes amies, et chacune participe à son tour à votre élan de beauté. Veuillez donc accepter mon merci fraternel. J'écrirai nos impressions sur vos deux livres quand je serai de nouveau à la campagne, et j'ai averti le Canada Français que cette modeste étude sera pour lui. Y êtes-vous abonné, ne devrai-je vous l'adresser ?

Je ne puis écrire tout ce que vous me dîtes de mon ouvrage. Je me dis que votre sympathie naturelle pour le Canada a fait que les faiblesses vous sont resté invisibles. J'en bénis le Ciel !

Et je me dis avec plus de joie des mots d'ambitieuse espérance. N'avons-nous pas l'avenir et la jeunesse, et la route blanche de la poésie n'est-elle pas infinie ? A nous la beauté ! A nous l'idéal ! Chantons l'âme de notre pays et la force de notre race ! Je crois pouvoir finir un nouveau recueil à l'automne. Dieu fasse qu'il soit un peu digne de ma patrie !

Si vous venez au Canada, il faudra que je vous voie, et que notre fraternité devienne une amitié que le temps ne peut qu'accroître. Puisque nous sommes poètes, nous sommes frères, et nos âmes sont sœurs. Au plaisir de vous relire, et avec la promesse d'une plus grand promptitude.

Blanche Lamontagne.

P.S. Si vous m'écrivez avant le mois de mai servez-vous de l'adresse ci-haut, après, servez-vous de l'ancienne.