Camille Doucet

Lettre autographe signée, Paris, 2 décembre 1879, sur papier à en-tête de l'Institut de France, à un préfet.

Belle correspondance.

[Paris, le] 2 décembre [187]9

Mon cher préfet,

C'est le ton qui fait la chanson, et vous savez mieux que personne combien la musique ajoute aux paroles, qu'elle améliore presque toujours ; qu'elle dénature quelque fois. J'espère donc qu'en se faisant auprès de vous mon interprète, votre jeune secrétaire, que j'ai trouvé fort aimable, n'aura pas manqué de vous dire qu'il n'y avait aucune amertume dans ma musique.

Bien au contraire !

Ce n'est pas à titre de reproche mais d’espérance que je l'ai prié de vous rappeler vos bonnes paroles du mois de juin.

Vous ne m'autorisiez pas alors à compter sur un succès immédiat ; mais vous ajoutiez, avec une bonne grâce très encourageante : si nous ne réussissons pas cette fois-ci, ce sera pour la fin de l'année et je vous promet que Mr Bourdon ne vous quittera pas sans avoir obtenu la distinction qu'il mérite.

Je n'ai donc pas dit hier, je n'ai pas voulu dire que vous n'aviez pas présenté mon beau frère au mois de juin.

La présentation à eu lieu

Je le sais et je vous en remercie de nouveau.

Vous voulez bien la renouveler aujourd'hui dans les conditions meilleures et plus favorables. Croyez que j'en serai très reconnaissant.

J'agirai d'un autre côté puisque vous m'y poussez ; mais si nous réussissons enfin, comme je l'espère, c'est à vous surtout que nous devons cette grande faveur qui aura le mérite d'être une grande justice.

Agréez, je vous prie, mon cher préfet, avec mes remerciements la nouvelle assurance de ma haute considération et de tout mon dévouement,

Camille Doucet