Denys Amiel

Lettre autographe signée, Paris, 4 avril 1925, 2 pages, sur papier à son chiffre.

Très belle lettre à une critique dans laquelle il détaille ses futures projets pour la saison prochaine : la représentation de Monsieur et Madame Un Tel à La Potinière avec Jacques Baumer, Alice Cocéa et Maurice Lagrenée ; Le Challenge, au théâtre Femina, pièce écrite en collaboration avec Charles Lafaurie qui verra Charles Boyer et Marthe Régnier.

Il travaille sur Le Démon du Soir, une pièce qui sera terminé vers l'été 1926 destinée à Victor Francen et l'Âge du Fer, qu'il « destine à la Comédie française et à Denis d'Inès ». Cette dernière ne sera pas représentée avant 1932.

L'auteur continue sur La Carcasse, une pièce en 3 actes écrite en collaboration avec André Obey - qui est également son collaborateur pour l'écriture de La Souriante Madame Beudet, leur plus grand succès.

Il termine sur l'envoi du premier volume de son Théâtre qui contient Le Voyageur, Le Couple et Café-Tabac et insiste sur cette dernière pièce inédite au sujet de laquelle il souhaite une petite aide de sa correspondante.

9 rue des Marronniers
16^ème
Aut. 20.26.

4. 4. 25.

Ma chère amie

Vous voulez bien me demander mes projets pour l'an prochain les voici :

Dans la première semaine d'octobre La Potinière représentera « Monsieur et Madame Un Tel » 3 actes pour lesquels il me fallait un petit cadre. Cette pièce sera jouée par Baumer, Alice Cocéa et Lagrenée.

Elle devait être jouée primitivement [raturé: joué] par Baumer et Gaby Morlay à l'inauguration de la Michodière.

A la Potinière, nous allions commencer les répétitions quand Bernstein ayant décidé de prolonger la « Galerie des Glaces » j'aurais été privé de Baumer. J'ai préféré attendre. - La même semaine verra « Le Challenge » 4 actes écrits en collaboration avec mon ami Charles Lafaurie et qui seront représentés à Fémina avec Charles Boyer et très vraisemblablement Marthe Régnier.

Je travaille à deux nouvelles œuvres « Le Démon du Soir » destiné à Francen et L'Age de Fer qui est un très gros et ambitieux morceau que ne donnerai pas avant 2 ans et que je déstine à la Comédie française et à Denis d'Inès.
Quand à « La Carcasse » les 3 actes en collaboration avec A. Obey qui sont reçus depuis 3 ans au Français et qui offraient seul Mr Fabre, son sort est entre les mains de Mr François Albert qui va juger de l'opportunité de représenter sur la scène du Français une œuvre dont le personnage principal est un vieux général en retraite... un général appartenant, si vous voulez, « au Musée de l'Armée » et dont - heureusement pour la France - « la guerre a brisé la carrière ». Je ne vois pas personnellement qui pourrait s'offusquer de cela... Il faudrait bien comprendre que l'Armée n'a rien à voir là dedans.

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Maintenant je vous adresse le 1^er volume de mon théâtre. Je n'en fais le service qu'aux vrais amis et j'ai la joie de vous compter parmi ceux là. Vous y trouverez le Voyageur, le Couple, et surtout un inédit auquel je tiens très particulièrement « Café Tabac ». Baty, Copeau, Pitoeff, Delacre, Jouvet, ont voulu tour à tour le monter, mais n'ont jamais eu assez d'acteurs. J'aime à espérer que la critique ne prendra pas cela - ne l'ayant pas lu - pour un simple acte mais là pr corser le poids du volume.

Mes amis m'ont fait le plaisir de chérir cette œuvre assez [rature] spécialement et je crois que vous l'aimerez.

J'ai cherché à mettre beaucoup de choses là dedans...

Et puisque nous sommes très libres, n'est-ce pas, je m'ouvre à vous et vous dit « Ma chère amie, aidez un peu cette œuvre à toucher les esprits et les cœurs..... » Vous comprenez...

Et voila. Croyez à toute mon affectueuse reconnaissance pour ce que vous pourrez faire pour mon « Bistro » et toujours à ma bien sincère fidélité.

Denys Amiel