Ferdinand Hérold

Lettre autographe signée, Bellevue (Meudon), 20 mai 1866, à Léon Gozlan.

Belle lettre de remerciements. Il mentionne son père, le compositeur Ferdinand Hérold (1791-1833), ainsi que son ancien secrétaire, l'homme politique Paul Jozon (1836-1881).

Bellevue, ce 20 mai 1866.

Cher et honoré Monsieur,

Je reçois à la campagne votre lettre d'hier qui m'annonce que, sur votre proposition, la commission des auteur et compositeurs dramatiques que vous présidez vient de m'admettre au nombre des membres du conseil judiciaire.

Je veux immédiatement vous exprimer ma reconnaissance, à vous d'abord, Monsieur, et à la commission tout entière. Ce qui me touche dans l'honneur que vous m'accordez, plus encore, que le témoignage flatteur d'une confiance, c'est le sentiment que je m'efforcerai de mériter, c'est l'hommage rendu par la commission à la chère mémoire de mon père. Permettez-moi d'ajouter qu'il m'est bien doux d'avoir à remercier ici dans le président de la commission, un collaborateur et un ami de mon père lui même. J'irai dans peu de jours, chez Monsieur, vous dire de vive voix combien ces sentiments sont profonds chez moi.

Un scrupule professionnel aurait pu troubler la satisfaction que votre lettre m'a fait éprouver. La société des auteurs et compositeurs dramatiques a déjà pour conseil un de mes confrères, au bureau du conseil d'État et de la Cour de Cassation, Mr Jozon qui a récemment succédé à Mr Béchard. Mais tout conflit est impossible entre un confrère et moi. Jozon est non seulement mon ami, mais il a été trois ans mon secrétaire et c'est en sortant de mon cabinet qu'il a traité avec M. Béchard. Ce de plus un homme auquel notre barreau dans cette situation réserve, j'en suis certain, un de ses premiers rangs. Les égards que j'aurais dû à tout confrère se transforment en un devoir auquel je resterai fidèle tout en acceptant le titre que la commission m'a conféré. [...] J'aurai conseillé, dans l’intérêt de la société dans celui de mon confrère et dans le mien tel que je le comprends, les droits de tout le monde.

Veuillez agréer, cher et honoré Monsieur, l'expression de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.

FH