François Mitterrand

François Mitterrand

Lettre autographe signée, Ivry-sur-Seine, 6 février 1939, à Catherine Langeais.

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En détail

Lettre autographe signée, Ivry-sur-Seine, 6 février 1939, 4 pages in-8°, à Catherine Langeais.

Sublime lettre empreinte de jeunesse et d'amour que le jeune François Mitterrand adresse à sa jeune compagne.

Malgré leur séparation dû à son service militaire passé au Fort d'Ivry (il sera incorporé dans le 23e régiment d'infanterie coloniale), il exprime avec tristesse l'ennui ressenti et la longueur de l'après-midi passé loin d'elle. Il évoque l'influence de leur amour naissant sur sa vie, où chaque joie et chaque peine sont vécues avec une intensité nouvelle et se confie sur ses moments de doute quant à la façon de modeler cet amour, cherchant une intimité et une harmonie totales.

Le jeune Mitterrand se remémore avec ravissement les moments passés ensemble, évoquant les plaisirs simples partagés. Il avoue son attachement inconditionnel, affirmant que rien ne compte plus pour lui, et exprime le bonheur que lui procurent les marques d'amour de sa jeune compagne : « [...] ce n'est qu'une forme de cette soif terrible de vous reconnaître, non pas comme ma chose, mais comme cette petite fille que j'adore, celle dont tous les geste, avec le cœur, avec le corps, avec l'âme sont liés à notre amour. Alors pardonnez-moi si je vous parais exigent. et acceptez-en l'apparence. Et comprenez-moi : je vous aime. »

Le texte révèle de plus les préférences littéraires et musicales du jeune Mitterrand, mettant en lumière son intransigeance face à la superficialité : « [...] Cette jeune fille, jolie, m'a agacé durant une heure, par sa faculté extraordinaire de rire pour rien, d'apprécier sans jugement, de tout voir sous l'angle du snobisme. Enfin j'ai dîné accompagné de deux amis : nous avons parlé de Zola, de Chardonne, de La Varende - de Beethoven et de Haydn. »

Cette lettre, empreinte de la passion de leur jeune relation, témoigne de l'attachement profond et sincère entre François Mitterrand et sa jeune compagne. Leur rencontre au bal de l'École normale supérieure le 28 janvier 1938 marque le début de leur histoire d'amour, malgré leur différence d'âge : François a 21 ans et Marie-Louise, 14. Malheureusement, la guerre vient les séparer et Mitterrand est fait prisonnier en Allemagne. Pendant cette période, qui prend fin le 15 janvier 1942, Mitterrand écrit plus de 300 lettres et poèmes à sa bien-aimée. En octobre 1944, il se marie avec Danielle Gouze, rencontrée au sein de la Résistance, tandis que Marie-Louise épouse le comte Antoine Gordowski, un architecte impliqué dans la reconstruction de Lorient.

Le 6 février 1939

Ma petite fille chérie,

Voici encore cette lettre. Je sais d'avance ce que je vous dirai du commencement à la fin, et je sais que je le dirai mal : je vous dirai que je vous aime. L'après-midi d'hier fut si long sans vous. D'abord je suis orti avec des camarades, de 14 à 16hrs. J'ai joué au ping pong - je me suis promené - Puis je suis allé chez mon frère où j'ai écrit. Vers 18hrs sont arrivés mon frère Jacques, ma sœur Marie-Josèphe et une de ses amies.

Cette jeune fille, jolie, m'a agacé durant une heure, par sa faculté extraordinaire de rire pour rien, d'apprécier sans jugement, de tout voir sous l'angle du snobisme. Enfin j'ai dîné accompagné de deux amis : nous avons parlé de Zola, de Chardonne, de La Varende - de Beethoven et de Haydn. Et je suis retourné au Fort.

Ce matin, nouvelle semaine : qui nous rapproche de Pâques, donc d'une plus grande liberté. J'éprouve certes l'ennui nécessaire à tout lundi matin, mais je pense déjà au moment qui nous réunira. Déjà ce dernier instant où nous fumes ensemble me paraît perdu dans le passé. Et tout ma joie est partie avec vous.

Hier soir, ma chérie, je ne savais quelle impression dominait en moi : je tentais de situer l'influence de notre amour sur ma vie. Avec l'amour est née en moi la gamme des joies et des peines ; tout est devenu plus vivant, plus intense, pour laisser bien peu de place à la paix. Parfois je m'irrite de ne pas savoir mieux modeler l'objet de mon amour. Lorsque vous me voyez affecté parce que j'appelle votre « désobéissance » (le mot sonne faux - je voudrais qu'entre nous il y ait une telle intimité, une telle communauté de désirs, une telle soif d'union, que tout devienne facile, que tout s'accorde, et qu'il n'y ait jamais exigence à satisfaire ou à refuser), il est vrai que lève en moi un germe d'angoisse. Quand je vous demande de faire ou de ne pas faire quelque chose (même quand il s'agit de caprices dont je ris moi-même intérieurement), tout prend l'importance extrême des choses où se mêle l'amour. Que vous fussiez ou non n'a en réalité que peu d'importance ; que vos cils soient teintés de bleu, comme autrefois, ou de noir, cela ne touche pas à l'essentiel. Et pourtant ces demandes reposent sur un fondement vital : quand je vous dis que je préfère ma petite pêche bien-aimée, si fraiche avec ses vraies couleurs à tout ce qu'elle pourrait être avec des additions ce n'est qu'une forme de cette soif terrible de vous reconnaître, non pas comme ma chose, mais comme cette petite fille que j'adore, celle dont tous les geste, avec le cœur, avec le corps, avec l'âme sont liés à notre amour. Alors pardonnez-moi si je vous parais exigent. et acceptez-en l'apparence. Et comprenez-moi : je vous aime.

Cet après-midi, ce soir, je songerai à vous intensèment, [raturé: mon] Zou chéri. Vous étiez délicieuse hier, mon indocile petite fille. Dois-je vous faire un compliment ? J'ai aimé (à tous les temps) presque tout en vous - avec ravissement.

Recevrai-je demain, tout ce que j'attends de vous ? Je l'espère. Vous me direz que vous m'aimez. Rien ne vaut cela. Vous ne savez pas quel bonheur me procurent les moindres marques de votre amour. Dites moi aussi que vous vous ennuyez terriblement d'être loin de moi. Je ferai tout pour le croire - je le croirai.

Si vous étiez là ma toute petite fille très chérie, j'aurais grand plaisir à vous chiner. Et vous feriez la moue. Et je ne pourrais pas résister à l'envie de vous avouer que je vous aime plus que tout au monde.

Et puis dans cette lettre j'ajoute ce que je ne ferais pas évidemment :

que je vous embrasse de toute ma tendresse

François

Références biographiques
François Mitterrand
François Mitterrand

François Mitterrand (1916-1996) est un homme d'État français qui occupe le poste de président de la République de mai 1981 à mai 1995. Après avoir été avocat, échappé de guerre, agent contractuel sous le régime de Vichy, puis résistant, il entre en politique après la Seconde Guerre mondiale au sein de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance. Il est député, sénateur et ministre à plusieurs reprises, jouant un rôle actif sous la IVe République. En 1981, il est élu président de la République en tant que premier chef d'État issu de la gauche sous la Ve République. Son mandat est marqué par l'abolition de la peine de mort, des mesures sociales inspirées du programme commun, ainsi que par des décisions économiques strictes. Connu pour « la doctrine Mitterrand », il refuse d'extrader les anciens terroristes d'extrême gauche. François Mitterrand est le seul président français à avoir effectué deux mandats complets de sept ans, et il détient le record de longévité à la présidence de la République.

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Catherine Langeais
Catherine Langeais

Catherine Langeais (1923-1998), pseudonyme de Marie-Louise Terrasse, est une présentatrice de télévision française. Elle devient une figure emblématique du petit écran, débutant sa carrière en 1949 à la Radiodiffusion-télévision française (RTF) sur intervention de François Mitterrand, avec qui elle a eu une liaison dans sa jeunesse. Elle devient la speakerine la plus populaire de la télévision française jusqu'en 1975. Elle reste à la télévision jusqu'à la disparition de l'ORTF en 1975, puis se limite aux commentaires en voix off sur TF1. Elle reçoit la Légion d'honneur en 1987 de la part de François Mitterrand, qui reconnaît son empreinte indéniable dans l'histoire de la télévision en France.

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Caractéristiques
01-1076
Type
Lettre autographe signée (L.A.S.)
Lieu
Ivry-sur-Seine, France
Date
6 février 1939
Nombre de pages
4
Format
In-octavo (in-8°)
Langue
Français
Sujet
Amour
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Authenticité
certifiée

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