Gustave Naquet

Lettre autographe signée, Marseille, 7 novembre 1868, sur papier à en-tête du journal Le Peuple, à Jules Lermina.

Intéressante lettre de l'une des grandes personnalités de la Commune de Marseille.

Il mentionne la triste situation de l'imprimeur marseillais Joseph Doucet et les communards J.-A. Chappuis (gérant du Peuple) et Auguste Vermorel pour lequel il n'a « ni grande estime ni grande confiance » depuis ses propos sur la Révolution.

« Les bases de toute opinion vraiment démocratique, sont le respect de la grande Révolution et l'amour de la République. Quiconque ne les reconnait pas est un ennemi pour moi. »

Un mois plus tard, suite à la souscription publique lancée par le journal Le Réveil pour élever un monument à Alphonse Baudin, tué sur une barricade alors qu'il s'opposait au coup d'État du 2 décembre 1851, Chappuis est condamné à 1 000 francs d'amende et Naquet à trois mois de prison, trois mois d'interdiction des droits civiques et 500 francs d'amende. Le 7 août 1870, Gaston Crémieux, Émile Bouchet, Maurice Rouvier et Gustave Naquet prennent d'assaut la préfecture des Bouches-du-Rhône dans ce qui sera l'un des premiers épisodes de la Commune de Marseille.

Marseille le 7 nov. 1868

Mon cher ami,

Je suis bien faché de vous avoir embarqué dans l'affaire Doucet. Ces imprimeurs sont dans une triste situation. Ils sont en train d'arranger leurs affaires et vous comprenez ce que cela veur dire.

[...]

Chappuis réglera avec vous vers la fin de la semaine prochaine. Nous sommes en pleine transformation, un peu génés par le contre-temps des imprimeurs mais voilà tout. Vous me demandez une réclame. Ce serait de grand cœur si Vermorel n'y figurait pas. Mais je n'ai ni grande estime pour lui ni grande confiance en lui depuis qu'il m'a déclaré à moi-même " qu'il était là pour [----] aux [puits ?] les grands principes de la Révolution" Je me moque qu'un soit proudhomien, collectiviste, matérialiste ou athée, pourvu qu'un soit révolutionnaire car, selon moi la Révolution sait purifier toutes les opinions. Les bases de toute opinion vraiment démocratique, sont le respect de la grande Révolution et l'amour de la République.

Quiconque ne les reconnait pas est un ennemi pour moi.

Salut cordial
Gustave Naquet