Hermann von Keyserling

Lettre autographe signée, Aurach bei Kitzbühel (Autriche), 21 juillet 1945, 2 pages in-4°.

Belle lettre dans laquelle le comte philosophe Hermann von Keyserling exprime sa tristesse suite à la mort de son ami Paul Valéry, décédé la veille. Il communique à son amie la nouvelle adresse à laquelle lui écrire et s'exprime positivement suite à sa maladie : « [...] je remonte doucement la pente, et j'ai soif de reprendre [...] je ne peux rien prédire de mon avenir. [...] j'ai encore tant à dire. [...] »

Hermann von Keyserling avait quitté sa maison de Darmstadt par crainte des cercles nationaux-socialistes dès le déclenchement de la guerre. Il s'était alors retiré à Schönhausen, la résidence de la veuve de sa belle-mère Marguerite, la princesse Bismarck. Après la destruction de la maison de Darmstadt lors d'un attentat à la bombe le 12 septembre 1944, la famille a perdu tout lieu de séjour en Allemagne. Ils se sont ensuite installés à Aurach près de Kitzbühel, dans le Tyrol. C'est là que Keyserling a subi un grave accident vasculaire cérébral le 6 décembre 1944, dont il s'est remis rapidement. Son activité inlassable finira par submerger ses forces, et il sera victime d'un deuxième accident vasculaire cérébral, inattendu pour tout le monde, le 26 avril 1946 à Innsbruck.

Aurach près Kitzbühel, Tirol, Hans Hildegard
Zone Française d'accepter en Autriche

21. 7. 45

Chère amie

[rature] la nouvelle de la mort de notre grand ami Paul Valéry, je pense souvent à vous. Que le monde sera vide à force des morts de ceux et celles qui comptent pour nous. Savez-vous je vous prie, vous m'atteindrez très vite, si vous confiez une lettre acheminée à moi à vos amis qui l'enveront dans une autre enveloppe par poste à l'adresse suivante :

M. Dornier, chef des service généraux, 27ème RD. Grand Hotel, Kitzbühel Tirol.

Je suis encore très malade, avec la grippe [...] J'ai été mi-paralysé 5 mois, je remonte doucement la pente, et j'ai soif de reprendre [...] je ne peux rien prédire de mon avenir. [...] j'ai encore tant à dire.

[...]

Vale
C^t Hermann de Keyserling