Jules de Prémaray

Lettre autographe signée, Meudon, 29 mai 1863, au Président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

Émouvante lettre dans laquelle il fait part de la maladie cruelle qui le retient depuis trois ans à Bellevue, dans une maison de santé (Établissement Hydrothérapique du Docteur Bourguignon, à Bellevue-Sous-Meudon).

« [Il] n'a pas un sou de revenu et la maladie a paralysé […] [son] travail. Pour subvenir à [ses] besoins les plus pressants, pour éteindre une partie d'un arriéré qui compromet la sécurité de [son] séjour dans la maison et pour vivre enfin et atteindre l'heure du travail, une somme de mille francs [lui] serait nécessaire. »

Vers la fin de 1859, il tombe gravement malade et doit cesser ses travaux pour suivre un traitement hydropathique. Il fait un très long séjour dans cette maison de santé avant de mourir à l'âge de 48 ans. Il précise dans cette lettre qu'il espère reprendre son travail mais, hélas, la maladie aura raison de lui.

- Bellevue - 29 mai 1863

50 fr par mois 3121
pendant 6 mois
(secours)

Monsieur et cher confrère,

Depuis trois ans une maladie cruelle me retiens à Bellevue, dans une maison de santé. La vie, réduite à ses plus minimes proportions, dans cette maison, s'élève à deux cents francs par mois. Or je n'ai pas un sou de revenu et la maladie a momentanément paralysé mon travail, que j'espère cependant reprendre quelques jours, à l'aide des médecins et aussi avec l'aide de mes chers confrères. Il y a au moins un an, notre commission m'a donné des preuves de sa sollicitude pour ceux d'entre nous qui tombent blessés dans la lutte. Aujourd'hui, monsieur le Président, je viens faire un nouvel appel à une sympathie qui m'a profondément touché. Elle ne me manquera pas plus qu'elle ne m'a manqué, il y a un an. Pour subvenir à mes besoins les plus pressants, pour éteindre une partie d'un arriéré qui compromet la sécurité de mon séjour dans la maison en question, et pour vivre enfin et atteindre l'heure du travail, une somme de mille francs me serait nécessaire. Je sais, d'avance, que mes chers confrères feront tout ce qui est en leur pouvoir dans cette triste circonstance.

Il me reste donc qu'à vous charger, monsieur le Président, de ma reconnaissance pour eux, et [ratures] à vous prier de recevoir pour vous l'expression de mes sentiments de haute considération et de bien cordiale sympathie,

Jules de Prémaray

Établissement Hydrothérapique
du Docteur Bourguignon,
à Bellevue-Sous-Meudon
(Seine et Oise).