Lockroy

3 lettres autographes signée, Paris, 1860, à Noël Parfait.

Rares et importantes lettres sur le voyage en Orient d'Alexandre Dumas.

Le 9 mai 1860, Alexandre Dumas père embarque à Marseille pour le Proche-Orient avec sa maîtresse Emilie Cordier, le photographe Gustave Le Gray, Paul Parfait et Édouard Lockroy. Le voyage, qui avait pour but la découverte de l'Orient, change d'objectif lorsque la nouvelle de la prise de Palerme par Garibaldi le 27 mai parvient à Dumas, qui avait rencontré le héros peu de temps auparavant et pris ardemment fait et cause pour lui. La croisière dévie et, le 10 juin, les voyageurs débarquent à Palerme.

Ce voyage est raconté en détail par l'auteur dans ses Mémoires d'Horace. Quant à Lockroy, il retracera ses aventures auprès de Giuseppe Garibaldi en compagnie de Dumas dans L'Île révoltée (1877).

Lettre autographe signée, [Paris], 13 mai 1860, à Noël Parfait.

Rare lettre mentionnant le voyage en Orient d'Alexandre Dumas à bord de la goélette Emma, « petite goélette ravissante, juste ce qu'il vous fallait ; soixante-dix-huit tonneaux, bâtie à Liverpool ; tout en acajou et en érable, doublée de cuivre. […] Elle a coûté cent dix mille francs. » (Alexandre Dumas, Viva Garibaldi! une odyssée en 1860) Cette goélette avait été construite à Liverpool pour le duc de Gramont, ami de Dumas, auprès de qui ce dernier l'avait acquise.

Dans cette lettre, Lockroy (père d'Édouard) écrit à Noël Parfait pour lui donner des nouvelles de son fils qui fait lui aussi partie du périple : « […] On n'est pas encore définitivement installé à bord de L'Emma. Paul et mon fils prennent la chambre de Dumas. On permute à ce qu'il paraît. Nos deux gars semblent n'avoir pas été malades malgré la grosse mer. Le mien prétend être là comme chez lui. »

Lettre autographe signée, [Paris], 22 juin 1860, à Noël Parfait.

Rare et émouvante lettre dans laquelle Lockroy transmet à son ami, Noël Parfait - le père d'un autre passager de l'Emma, Paul Parfait - la missive envoyée par son fils Édouard et donne de précieux détails sur l'entrée de Dumas, « affublé d'un panache aux trois couleurs qu'on l'appelle général et qu'il est assez disposé à croire qu'il a pris Palerme » ainsi que sur les horreurs dont il a pu être témoin :

« […] Sa lettre est entièrement consacrée à ce qu'il a sous les yeux, aux horreurs commises par les napolitains, à l'incroyable aspect que présente Palerme. C'est bien curieux et bien navrant tout-à-fois. On ne sait pas, ou on ne dit pas la moitié de tout cela ici. Tout un quartier en ruines, des membres épars sous tous les décombres, quarante religieuses violées, massacrées par la soldatesque, le reste enseveli sous les ruines du monastère. Le pillage, l'assassinat, c'est horrible.

Et à côté de cela, toute une ville armée, barricadée, toute une population, bourgeois, nobles, prêtres, femmes, enfans le sabre ou le couteau au poing grouillant dans les rues. C'est incroyable. […] »

Lettre autographe signée, Paris, 6 août 1860, à Noël Parfait.

Au mois d'août, les voyageurs sont de retour. Lockroy raconte à son ami le comportement de Dumas vis-à-vis de son fils Edouard qui a été refusé à bord. Il le remercie d'être intervenu et d'avoir donné son approbation pour sa conduite :

« […] Mad^e Parfait a dû vous exprimer toute la profonde reconnaissance d'Edouard pour l'approbation que vous avez donnée à sa conduite. Vous savez que l'on a refusé de le recevoir à bord, qu'il a été s'excuser et qu'on lui a répondu : il est trop tard. […] il ne faut pas en vouloir à Mr Dumas : il a été bien vif avec nous tous, mais n'est qu'égaré. […] »