Lucien Lévy

Lettre autographe signée, Saint-Pair, 11 août 1902, 4 pages in-8° sur papier à en-tête de l'École Polytechnique, à Charles-Ange Laisant.

Il écrit au mathématicien à propos d'examens à venir et d'une affaire présentée devant le Ministre de la Guerre.

[raturé: Paris][, le] 11 août [190]2
S^t Pair

Mon cher Laisant,

Votre lettre officielle m'a un peu embarrassé. Finalement après m'être demandé si je l'expédierais dans l'Aveyron, ou au Collège de France, j'ai opté pour la dernière solution qui m'a paru être dans vos vœux secrets.... et peut-être vous contenterez vous de cette réponse à la dépêche ministérielle. En tout cas, je ne pourrais vous suivre plus loin ; il me paraît délicat d'adresser une réclamation au Ministre de la Guerre quand il nous invite à rester dans limites fixées par nous mêmes.... d'autant plus qu'il ajoute « autant que possible »..

Que pouvons-nous demander de plus ?

Au contraire, cette dépêche dont j'ai reconnu aussi l'auteur, sera une arme entre nos mains pour opposer une digue aux assauts des professeurs.... le cas échéant.

En fait, il ne me paraît pas possible, sans injustice, de modifier notre échelle en cours d'examens et pour ma part j'ai l'intention de ne me montrer ni plus sévère, ni plus indulgent. « Cela donnera ce que cela pourra », comme je l'ai écrit à Picquet, c'est à dire

x = 22 x 310/410 = 29 en plus que les 410 prévus, ce qui n'est pas la mer à boire.

Autre difficulté ; le Ct Brocard s'annonce pour le 21. Le 20 m'aurait paru préférable. Voici pourquoi : il se peut que nous finissions assez à temps pour filer le 21 à 11h½ pour le midi, et alors il me paraîtrait plus reposantd'aller coucher quelque part en route, plutôt que faire douze heures de voyage d'affilée le 22 et d'arriver vers onze heures du soir à Lyon pour reprendre le lendemain à 7 heures du matin nos examens. N'y aurait-il pas moyen de consacrer le 20 un nombre suffisant d'heures à votre ami, de 11½ à 3½ ou de 6½ à 10h ? Je vous pose la question ; j'accepte d'avance la réponse.

Reposez-vous bien et croyez moi
votre bien dévoué collègue
L. Lévy