Paul Signac

Lettre autographe signée, Paris, 31 janvier 1928, sur papier à en-tête de la Société des Artistes Indépendants.

Très belle lettre sur son engagement pour la liberté des artistes au sein de la Société des Artistes Indépendants.

Cette Société est une association formée à Paris le 19 juillet 1884. Elle est l'organisatrice du Salon des indépendants dont le but est de proposer au public des œuvres d'art rejetées par le Salon officiel de Paris et, ainsi, permettre aux artistes d'exposer librement leurs œuvres et se libérer de l'influence de tout jury. Depuis, le Salon des indépendants a été représentatif de grands courants de l'époque dont le pointillisme, nabisme, symbolisme, fauvisme et cubisme.

À noter que Paul Signac, l'un des membres fondateurs de ce Salon, était président de la Société des artistes indépendants de 1909 à 1934.

Dans cette lettre, Signac remercie son correspondant pour avoir pris la défense des Indépendants dans un article « vivant et précis. » Il précise ensuite l'origine des attaques contre les Indépendants : « En somme, ce qu'on attaque chez nous - comme partout ailleurs, du reste - c'est la liberté - il est singulier que beaucoup d'artistes préferent se grouper autour du Jury du Salon d'Automne - et dans l'obscurité et le désordre de sa présentation - et non chez nous, en pleine liberté, en pure lumière. »

Mais, Signac, probablement l'Indépendant le plus virulent, ne baisse pas la garde face à ces attaques : « tant de gens éprouvent encore le besoin de nous combattre, de nous insulter - morale des esclaves : souiller ce qu'on ne peut atteindre - ! »

(1) Cette phrase est pleine de sens venant de Signac quand on sait à quel point l'artiste défend l'idée de pureté dans la lumière et la couleur.

31 - I - 28

Mon cher camarade

Je vous adresse tous mes remerciements pour votre courageuse défense des Independants, et tous mes compliments pour votre article qui est vivant et précis - ça devient rare.

En somme, ce qu'on attaque chez nous - comme partout ailleurs, du reste - c'est la liberté - il est singulier que beaucoup d'artistes préferent se grouper autour du Jury du Salon d'Automne - et dans l'obscurité et le désordre de sa présentation - [raturé : que] et non chez nous, en pleine libreté, en pure lumière (1).

[rature] et que tant de gens éprouvent encore le besoin de nous combattre, de nous insulter - morale des esclaves : souiller ce qu'on ne peut atteindre - !

Bien cordialement
Paul Signac