Véra Sergine

Véra Sergine

Lettre autographe signée, Cannes, 28 juillet 1943, à Saint-Georges de Bouhélier.

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Il s'agit d'une lettre authentique.
Cette lettre est accompagnée d'une fiche descriptive comprenant une retranscription.

En détail

Lettre autographe signée, Cannes, 28 juillet 1943, à Saint-Georges de Bouhélier.

Émouvante lettre rédigée durant l'Occupation allemande.

« j'espère que vous êtes tous deux en train de vous reposer de vos fatigues dans une campagne ravitaillée !!! »

Elle a lu dans Candide [célèbre journal qui soutint la Révolution nationale durant l'Occupation] que son correspondant avait dû vendre sa bibliothèque. Elle est attristée par cette nouvelle.

« C'est à moi que cela a fait de la peine de penser que vous avez dû vous séparer de tant de choses qui vous sont chères car je connais votre haute et profonde philosophie ! »

Elle mentionne ensuite son état de santé qui se détériore avec la sous-alimentation durant l'Occupation.

« je traine toujours ma pauvre petite vie et la sous alimentation diminue progressivement ma vitalité - l'an dernier à cette époque je descendais souvent à Cannes, au cinéma, au café des alliés, cet été je n'ai absolument pas la force de bouger. »

Elle mentionne son fils, le directeur de la photographie Claude Renoir, et son petit-fils, Jacques Renoir.

« Mon moral est très bas, mon fils est à Paris depuis 2 mois il revient le 8 août pour une dizaine de jours puis il y retourne. On m'a amené mon petit fils qui est vraiment un superbe enfant et d'une gaîté rare, on ne l'entend jamais pleurer, tout le faire rire. Je crois qu'il a un sens profond de l'humour ! »

Elle a un immense chagrin de ce que subit l'Italie. En effet, le mois de juillet 1943 est décisif pour l'Italie. Le 10 juillet débute la bataille de Gela ; le 12, Syracuse est prise par les Alliés ; le 14 a lieu le massacre de Biscari ; le 19, Mussolini rencontre Hitler et Rome est bombardée par les Alliés. Le jour où Véra Sergine rédige cette lettre, le parti fasciste est dissous.

« qu'adviendra t'il de moi ? Je me contente de vivre au jour le jour avec une anxiété toujours croissante de l'avenir surtout en ce qui me concerne personnellement. [...] Comme vous avez bien fait de partir, il n'y a exactement plus rien à manger dans ce pays ! N'oubliez pas la pauvre exilée qui pense à vous, écrivez ! »

L'enveloppe d'origine est incluse.

Mercredi 28 juillet

Mon cher ami, j'ai tant tardé à vous écrire (votre lettre avant votre départ pour Paris est du 1er mai) que je crains bien que cette lettre ne vous trouve plus dans la capitale, j'espère que vous êtes tous deux en train de vous reposer de vos fatigues dans une campagne ravitaillée !!!

Je voudrais [raturé : bien] connaître pourtant vos impressions de retours après une si longue absence - J'ai lu dans Candide que vous aviez vendu votre bibliothèque. C'est à moi que cela a fait de la peine de penser que vous avez dû vous séparer de tant de choses qui vous sont chères car je connais votre haute et profonde philosophie ! Si vous en avez le temps et le courage écrivez-moi - je traine toujours ma pauvre petite vie et la sous alimentation diminue progressivement ma vitalité - l'an dernier à cette époque je descendais souvent à Cannes, au cinéma, au café des alliés, cet été je n'ai absolument pas la force de bouger. Il faut dire que je suis un traitement de piqures anti bacillaires quotidiennes depuis 2 mois avec un intervalle de 15 jours entre chaque série d'un mois, je ne sais ce que cela donne sur le poumon, mais l'état général s'en trouve terriblement affaibli, en plus je suis affligé maintenant de crises d'étouffements à forme tout a fait asthmatique et terriblement pénibles, on n'avait d'abord trouvé pour me calmer que de me faire boire de l'héroïne ! Heureusement on a pu m'expédier de Paris un pulvérisateur Lancelot avec son spécifique qui me soulage immédiatement. Mon moral est très bas, mon fils est à Paris depuis 2 mois il revient le 8 août pour une dizaine de jours puis il y retourne. On m'a amené mon petit fils qui est vraiment un superbe enfant et d'une gaîté rare, on ne l'entend jamais pleurer, tout le faire rire. Je crois qu'il a un sens profond de l'humour !

J'ai un immense chagrin de ce que subit l'Italie sans parler des vies humaines, que restera-t-il des merveilles d'art de ce pays unique ! J'ai vû que vous ne reviendrez pas ici à l'automne et que vous vous réinstallerez à Paris - qu'adviendra t'il de moi ? Je me contente de vivre au jour le jour avec une anxiété toujours croissante de l'avenir surtout en ce qui me concerne personnellement.

Nous avons un été d'une sécheresse ! Comme vous avez bien fait de partir, il n'y a exactement plus rien à manger dans ce pays ! N'oubliez pas la pauvre exilée qui pense à vous, écrivez !

Je vous embrasse tous deux et vous assure de ma profonde affection.

Véra Sergine

Références biographiques
Vera Sergine
Vera Sergine

Véra Sergine (1884-1946) est une actrice française. Elle fut l'épouse du comédien Pierre Renoir, avec lequel elle eut un fils, Claude Renoir, né en décembre 1913, devenu directeur de la photographie.

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Saint-Georges de Bouhélier
Saint-Georges de Bouhélier

Stéphane-Georges Lepelletier de Bouhélier (1876-1947), dit Saint-Georges de Bouhélier est un poète, romancier et auteur dramatique français.

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Caractéristiques
01-558
Type
Lettre autographe signée (L.A.S.)
Lieu
Cannes, France
Date
28 juillet 1943
Nombre de pages
2
Langue
Français
Sujet
Guerre
Paiements
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Authenticité
certifiée

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