Willy

Lettre autographe signée, Paris, [1889], sur papier à en-tête de la Librairie Gauthier-Villars et Fils.

Il remercie son correspondant de lui avoir rendu un service - « les serviables se font rares » - et il aimerait causer avec lui et l'invite à dîner chez sa maîtresse, 22 rue de l'Odéon. Enfin, il finira un article sous peu et aimerait qu'il le présente pour lui en respectant quelques points.

Lutèce est le journal dans lequel Willy tenait la rubrique théâtrale.

Il est possible de dater cette lettre grâce à son en-tête. Ce n'est qu'en 1888 que le père Gauthier-Villars associa ses deux fils. Willy laissera les rennes à son frères en 1893. De plus, il mentionne Jean Jullien, rédacteur en chef de Art et critique, ce qui permet de dater la lettre de 1889, époque à laquelle Henry tenait la critique musicale.

L'adresse de sa maîtresse correspond celle de Louise Servat. C'est là que naquit, la même année (en septembre 1889), leur fils Jacques Henry Gauthier-Villars. À ce moment, Louise n'était pas encore divorcée de son mari Emile Cohl. C'est en plaçant Jacques en nourrice à Châtillon-sur-Loing que Willy a rencontré Colette. Il l'épousera 4 ans plus tard, en 1893.

Merci de ta lettre, vieux lapin, toutes les fois que je t'ai demandé un service tu as couru pour me le rendre, et les serviables se font rares.

Pris toute la journée par le jury, je ne puis causer avec toi comme je le voudrais,... à moins que tu n'acceptes de dîner modestement avec moi, samedi soir chez ma maîtresse, 22 rue de l'Odéon , à 7 heures. Réponds à ce sujet je te prie, sur la carte télégramme ci-incluse.

Dimanche, je finirai l'article pour Jean Jullien et je te serai bien reconnaissant de le présenter toi-même car je crains - malgré mes soins à l'adoucir - qu'il ne soit d'un wagnérianisme un peu amer.

Je compte tout à fait sur toi pour que
1° il passe en une fois, sans coupure, et bientôt n'est-ce-pas ?
2° on ne le modifie point
3° on veuille bien me céder, contre paiement doux, pas trop cher, cinquante numéros.

Et maintenant, à samedi, j'espère, car j'aurai à te communiquer concernant Antoine et un ancien rédacteur de Lutèce, des faits intéressants. Si ce que je soupçonne est vrai, le dit rédacteur se mordra les doigts de m'avoir fait annoncer dans Le Soir une pièce tirée de son roman, pièce que je pense n'exister que dans son imagination.

Tout à toi
Henry G.V.