Antoine Jay

Lettre autographe signée, sans lieu, 8 février 1832, à Antonio Alcalá Galiano.

Intéressante lettre sur les démarches faites par le conspirateur espagnol lors de son exil en France.

Pour comprendre la conspiration dans laquelle Alcalá-Galiano a été mêlé, lire le chapitre qui lui est consacré dans Benoît Pellistrandi, Un discours national ? La Real Academia de la Historia - Entre science et politique (1847-1897), Casa de Velásquez, 2004, p. 372 :

« Né à Cafix dans une famille de militaires (son père est mort à Trafalgar), Antonio Alcalá-Galiano s'engage à l'âge de dix-sept ans dans la marine, mais, insatisfait, abandonne la carrière militaire six ans plus tard pour entrer dans la diplomatie.

Son expérience dans ses postes successifs en Angleterre en 1812, en Suède en 1813-1814 et au brésil en 1818-1819, ne lui paraît guère plus concluante. Il s'oriente alors dans l'action politique et conspire contre le gouvernement, aidant de ce fait au soulèvement dit des « Têtes de Saint Jean », contre l'absolutisme de Ferdinand VII. Il se distingue progressivement comme un orateur fougueux, voire violent et comme un polémiste brillant - il défend alors avec vigueur l'indépendance des possessions espagnoles en Amérique - du camp libéral.

Après le triomphe de la révolution de 1820 et pendant les années du Trienio liberal, il joue l'ambiguïté et l'opportunisme auprès de ses compagnons politiques, Antonio Alcalá-Galiano est élu en 1822 député aux Cortes en représentation de la ville de Cadix.

Lors de l'invasion de l'Espagne par les Français, il milite pour que le roi Ferdinand VII soit déclaré incapable et dément, décision qui aurait entraîné la déposition du roi. Mais après la prise de Cadix et le retour du roi sur le trône, Alcalá-Galiano est condamné à mort par le pouvoir. Il part alors se réfugier en Angleterre. Pendant ses années d'exil, il se consacre aux études littéraires, sociologiques et politiques, obtenant en 1828, un poste de professeur de langue et littérature espagnoles à l'université de Londres.

En 1830, il décide de séjourner en France [avant d'être] amnistié par Martínez de la Rosa en 1834. »

8 fév. 1832.

Une indisposition qui m'a fatiguée pendant quelques jours m'a empêché, monsieur, de répondre à votre lettre. Aujourd'hui, j'irai à la Chambre et je soumettrai votre demande à M. le Président du Conseil, j'ai l'espoir qu'elle sera favorablement accueillie, et je m'estimerai heureux d'avoir par contribuer à améliorer votre situation. Je pense que personne, parmi les réfugiés, n'a plus de droits que vous à l’intérêt du gouvernement.

Recevez je vous prie l'assurance de ma parfaite considération.
A. Jay