Marcel Proust

Marcel Proust

Extraordinaire lettre critiquant violemment la Nouvelle Revue Française et les auteurs qui gravitent autour de cette revue.

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Cette lettre est accompagnée d'une fiche descriptive comprenant une retranscription.

En détail

Lettre autographe signée, sans lieu, 29 avril 1920, 9 pages in-8°, à Jacques Rivière.

Extraordinaire lettre dans laquelle Marcel Proust critique violemment la Nouvelle Revue Française et les auteurs qui gravitent autour de cette revue.

Malgré la fatigue de l'écrivain, son amitié profonde le pousse à exprimer son avis sans détour sur le dernier numéro de la N.R.F. L'auteur, qui venait d'obtenir le Prix Goncourt pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs, annonce que la revue lui est apparue comme une « Tour de Babel » remplie « d'illetrés pédants », et dénonce les erreurs, les bafouillages et l'incompétence qu'il perçoit dans les articles sur la peinture, la psychologie et la musique, soulignant l'importance d'une expertise authentique et d'une sélection plus rigoureuse des collaborateurs.

« [...] Je ne me souviens pas si c'est M. Allard ou M. Durieu de la Carelle (qui prolifèrent beaucoup ds ce n°) qu'il faut accuser, mais j'aimerais mieux un article de franche complaisance, d'admiration par amitié pour q.qun qui ne mériterait pas cette admiration (comme la dédicace de Baudelaire à Gautier etc etc et Nerval à Dumas) que de voir sincèrement, ss partialité, parler ainsi d'Espinas comme d'un grand homme, de Gyp, de tout le monde, car de qui ne parle-t-on pas ! [...] »

Il évoque également le manque de discernement et d'objectivité des critiques envers les artistes et suggère que la Revue devrait être plus ouverte et doctrinaire « que si ceux qui y parlent savent de quoi ils parlent ».

« [...] vous feriez mieux de publier de véritables ouvrages (par ex des traductions remarquables, un succédané de la Folie Allmayer) que d'entasser ces notules à la fois inconsistantes et péremptoires [...] »

Proust encourage le directeur à faire appel à de véritables talents et à publier des ouvrages de qualité, prenant en exemple la publication du livre de Léon Daudet qui « eut été mille fois plus intéressant et vivant. »

Les lettres aussi virulentes sont rares chez Marcel Proust.

Un certificat d'exportation permanent du ministère de la Culture est inclus.

[de la main de Jacques Rivière: 26 avril 20]

Cher ami

Pardonnez-moi malgré mon extrême fatigue de vous dire mon avis sur la Revue avec une franchise où vous sentirez qu'il n'y a qu'une amitié profonde. Je vous ai fait assez de compliments sur les derniers numéros pour vous dire qu'ayant acheté avant hier celui d'avril, il m'est apparu comme une Tour de Babel qui devrait être pour l'avenir une Tour Prend Garde si elle n'est déjà une Tour bien penchée. Il est vrai que je n'ai pas encore lu le mystère de votre « miraculé » et « converti » et que c'est ss doute la pièce de résistance. Mais le reste ! Entre nous, que de bafouillages sur la peinture, la psychologie, la [raturé: peinture] musique, lesquels donnent la sensation d'un terrible à peu près d'amateurs. Je ne me souviens pas si c'est M. Allard ou M. Durieu de la Carelle (qui prolifèrent beaucoup ds ce n°) qu'il faut accuser, mais j'aimerais mieux un article de franche complaisance, d'admiration par amitié pour q.qun qui ne mériterait pas cette admiration (comme la dédicace de Baudelaire à Gautier etc etc et Nerval à Dumas) que de voir sincèrement, ss partialité, parler ainsi d'Espinas comme d'un grand homme, de Gyp, de tout le monde, car de qui ne parle-t-on pas ! On sent l'incompétence pour Vermeer, pour Debussy, des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre. Un défilé de noms propres à composer un dictionnaire et tirer à la loterie. Une revue n'a le droit d'être fermée et doctrinaire que si ceux qui y parlent savent de quoi ils parlent. En quoi telle phrase de M. Durieu de la Rochelle sur Paul Adam est-elle plus « en français » que celles, justement incriminées par Allard, de Bataile. - Cher ami c'est idiot de vous écrire cela qui ne me regarde pas, mais l'amitié, permettez-moi de dire la tendresse, a des devoirs, et vous feriez mieux (bien que je n'approuve pas cela tout à fait non plus) de faire appel à des talents véritables, fussent-ils éclos hors de la N.R.F., vous feriez mieux de publier de véritables ouvrages (par ex des traductions remarquables, un succédané de la Folie Allmayer) que d'entasser ces notules à la fois inconsistantes et péremptoires. M. Lhote peut avoir des idées étroites (que je ne trouve pas), il sait ce dont il parle. Quand Blanche a décrit l'atelier et la palette de Fantin et de Manet, il apprenait q.q. chose. Mais ces formules creuses d'illetrés pédants ! naturellement j'exagère énormément. Mais un aussi haut génie que le vôtre ne doit pas laisser péricliter de ces niaiseries, une Revue à laquelle votre nom, vos articles ont donné un incomparable éclat. Reposez-vous d'abord. Après cela, choisissez mieux, si j'ose donner un conseil, vos collaborateurs.

Votre dévoué de tout cœur
Marcel Proust

Vous auriez publié par tranches le livre de Léon Daudet que cela eut été mille fois plus intéressant et vivant.

Références biographiques
Marcel Proust
Marcel Proust

Marcel Proust (1871-1922) est un écrivain français connu pour son œuvre majeure, À la recherche du temps perdu, publiée entre 1913 et 1927. Malgré une santé fragile et des difficultés respiratoires, Proust fréquente les salons mondains et rencontre des artistes et écrivains. Il se consacre à l'écriture et entame en 1907 son chef-d'œuvre, explorant les thèmes du temps, de la mémoire et de l'amour. L'œuvre, composée de sept tomes, est saluée par la critique et il reçoit le prix Goncourt en 1919. Épuisé, il décède en 1922 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Son œuvre, considérée comme une réflexion profonde sur la condition humaine, mêle une vision teintée de gris de l'existence, des questionnements sur l'art et la société, ainsi qu'une plume caractérisée par des phrases longues et une attention minutieuse aux détails.

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Jacques Rivière
Jacques Rivière

Jacques Rivière (1886-1925) est un écrivain français et directeur de La Nouvelle Revue française. Ami d'Alain-Fournier, il entretient une correspondance étroite avec lui et devient son beau-frère. Après des études à l'École normale supérieure, il se passionne pour la littérature et la peinture. Rivière devient secrétaire de rédaction de La Nouvelle Revue française et publie des critiques littéraires. Pendant la Première Guerre mondiale, il est fait prisonnier et rédige des carnets de captivité. Il relance ensuite la revue et publie des écrivains renommés parmi lesquels Marcel Proust, François Mauriac et Paul Valéry. Bien qu'il ne se consacre que peu à sa propre carrière d'écrivain, ses critiques sont reconnues pour leur clarté et leur analyse.

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Caractéristiques
01-1111
Type
Lettre autographe signée (L.A.S.)
Date
29 avril 1920
Nombre de pages
9
Format
In-octavo (in-8°)
Langue
Français
Sujet
Critique
Journalisme
Littérature
Provenance
Artcurial, 16 octobre 2013
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