Marie Adolphe Carnot
Lettre autographe signée, Paris, 4 décembre 1892, sur papier à en-tête de l'École Nationale Supérieure des Mines, à Édouard Ducret.
Lettre autographe signée, Saint-Gratien, 3 août [entre 1860 et 1870], 4 pages, à Alexandre Dumas fils.
Lettre autographe signée, Saint-Gratien, 3 août [entre 1860 et 1870], 4 pages sur papier à en-tête de Saint-Gratien, à Alexandre Dumas fils.
Très belle lettre dans laquelle elle reproche à l'auteur de La Dame aux camélias sa légèreté suite à une lettre envoyée où la plume de l'écrivain apparaît bien plus tendre que d'habitude…
Elle lui reproche ainsi son caractère (« […] vous voulez être je crois un sceptique, un Monsieur qui a tout connu, tout éprouvé, que tout a lassé et désillusionné – de là votre morale si absolue, si âpre, si impitoyable […] ») et lui explique son point de vue sur l'incident : « […] voilà qu’une femme bien innocente d’esprit vous fait une phrase bien simple et dont elle ne soupçonnait pas la portée, vous la prenez au sérieux des sentiments ; votre glace se fond, vous retrouvez votre cœur oublié et vous tracez de votre belle écriture les mots les plus aimables et les plus flatteurs […] ».
Pourtant, elle ne cache pas sa sincère amitié et laisse transparaître, dans les derniers paragraphes, qu'elle souhaiterait lever l'ambiguïté sur leurs derniers échanges.
Importante salonnière, la princesse Mathilde recevait régulièrement dans ses salons - notamment dans son hôtel particulier rue de Courcelles et son château de Saint-Gratien -, Alexandre Dumas fils. Ce dernier, proche de la princesse, lui avait rendu visite en exil à Bruxelles après la chute du Second Empire.
On trouve dans les Archives de la Fondation Primoli à Rome une belle photographie d'un groupe à Saint-Gratien mené par Mathilde Bonaparte et Dumas fils (Carton n°241 / 18068 / PROG).
3 Août
Vous m'envoyez 6 petites pages - moi je prends un grand papier car il me semble que j'en [raturé: ai] aurai beaucoup a vous dire - surtout si je me laissais aller à tous vous dire.
Mais vous êtes un homme qui avez lâché tant d'écluses que j'éprouve vis a vis de vous un sentiment de timidité qui guide et mes pensées et mes paroles. Tant j'éviterai de mal faire et de mal parler ; aussi malgré [raturé: malgré] la tendresse de votre lettre que j'aurais prise pour argent comptant de la part de tout autre de mes amis j’hésite et je cherche le motif qui a subitement donné à votre plume une expression si nouvelle dont je la croyais dénuée.
Vous voulez être je crois un sceptique, un Monsieur qui a tout connu, tout éprouvé, que tout a lassé et désillusionné – de là votre morale si absolue, si âpre, si impitoyable - On se voile la face en vous voyant passer et l’on réserve son cœur.
Mais voilà qu’une femme bien innocente d’esprit vous fait une phrase bien simple et dont elle ne soupçonnait pas la portée, vous la prenez au sérieux des sentiments ; votre glace se fond, vous retrouvez votre cœur oublié et vous tracez de votre belle écriture les mots les plus aimables et les plus flatteurs – elle d’y croire, d’y réfléchir, et de se dire – [raturé : il faut se méfier] - c’est un poëte – il faut se méfier - le doute qui ne porte que sur [rature] soi est permis puisqu'il n'effleure personne. n'est-ce pas ?
Quant à savoir c'est autre chose - si je suis entrée dans son cœur je l'ai associé au mien – je suis vis à vis de lui sans gêne et sans reproche et ma confiance en lui est la base de ma véritable amitié -
Que résulte-t-il de tout [acte ?] que [j'aimais ?] beaucoup savoir et que je vous aimerais beaucoup aussi si....
Rappelez moi au souvenir de Mr Dumas embrassez Colette et ne vous impatientez pas de mes bêtises.
Mathilde
Alexandre Dumas (1824-1895), dit « Alexandre Dumas fils », est un romancier et dramaturge français. Il est connu principalement pour son roman La Dame aux camélias, ainsi que pour deux pièces de théâtre, Le Fils naturel et Un père prodigue.
En savoir plus...Mathilde Létizia Wilhelmine Bonaparte (1820-1903), plus connue comme la princesse Mathilde est une salonnière, représentante de la maison Bonaparte.
Sous le Second Empire et la Troisième République, elle tient à Paris un salon littéraire couru. Bonapartiste convaincue, cela ne l'empêche pas de recevoir chez elle des écrivains de toutes couleurs politiques (Paul Bourget, les frères Goncourt, Gustave Flaubert, Tourgueniev, entre autres).
En savoir plus...Lettre autographe signée, Paris, 4 décembre 1892, sur papier à en-tête de l'École Nationale Supérieure des Mines, à Édouard Ducret.