Nadar

Lettre autographe signée, Marseille, 11 novembre 1898, à Léon Daudet.

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En détail

Lettre autographe signée, Marseille, 11 et 26 novembre 1898, 6 pages in-8° sur papier à en-tête de l'atelier Nadar, à Léon Daudet.

Sublime lettre dans laquelle le célèbre photographe exprime sa gratitude, son attachement et son inquiétude tout en partageant ses projets et son désir ardent de revoir son ami.

Le photographe est touché par la piété et l'affection qui l'entourent malgré sa vieillesse et le sentiment de déracinement tandis qu'il évoque leur attachement mutuel en dépit de la distance qui les sépare et se réjouit du tutoiement que Léon utilise désormais, si longtemps demandé par le photographe. En effet, il réfléchit à la chance d'avoir bénéficié de nombreuses amitiés chaleureuses tout au long de sa vie, dont son « à jamais regretté Baudelaire ». Il rappelle également le souvenir d'Alphonse Daudet, décédé l'année passée : « Tous l'aimaient et qui l'approcha sait bien pourquoi. Pour moi reste toujours présent le vieux et fidèle compagnon qui m'envoyait ainsi l'un de ces livres : à Nadar, son témoin de sa vie. »

Nadar partage également son inquiétude concernant Georges Victor-Hugo - le beau-frère de Léon Daudet -, mentionnant l'affliction causée par sa situation et soulignant l'importance de la patience et du pardon. Le petit-fils de Victor Hugo venait alors de quitter sa femme, Pauline Ménard-Dorian.

Le photographe a mis au point un plan et fait part de son empressement à publier certains écrits pour prévenir une éventuelle enquête sur son déclin présumé des facultés mentales. Tout en soulignant le succès de son atelier de photographie à Marseille, il demande l'avis de Léon sur un manuscrit à publier et l'encourage à lui dire clairement s'ils ne valent pas la peine d'être publiés.

Rare correspondance.

Marseille
11 9bre 98.

Ta très bonne lettre, mon Léon, m'a remué plus que je ne te puis dire, bien que ma décrépitude ne semble pas encore trop larmoyante. Ta piété me ranime au bord du trou si noir, si profond, de votre déracinement... Combien de fois, avec quelles tristesses, loin de vous mais avec vous toujours, nous y sommes revenus....

Tous l'aimaient et qui l'approcha sait bien pourquoi. Pour moi reste toujours présent le vieux et fidèle compagnon qui m'envoyait ainsi l'un de ces livres : à Nadar, son témoin de sa vie.

Tu peux entrevoir si elle m'est bonne, surtout par les amertumes de mon heure présente, cette affection que tu as héritée de Lui. Et je me suis demandé une fois de plus comment j'avais pu être gaté dans cette vie à ce point d'obtenir et garder pendant les trois quarts d'un siècle tant d'amitiés chaudes, fraternelles, des plus hautes aux plus humbles. Et me revient là le beau verbe de Danton :

[...]

26 9bre! Juge de mes ambiances et surtout de ma detresse intellectuelle et agissante : ce n'est qu'aujourd'hui qu'il m'est permis de revenir à toi : - j'ai vraiment un peu [pas?] à faire qu'il [rature: me] faudrait à mes caducités. Outre que j'ai toujours été alerté à passer devant l'encrier comme l'auvergnat devant la cathédrale, la petite boutique que j'ai (très heureusement) ici créée me tient tout le jour et au dela, si bien que tout en me levant chaque matin très avant que les chandelles des autres soient allumées, je n'arrive pas à tout ce que j'ai à faire.

- Et pourtant, avec toi, quels tous besoins j'avais de te répondre !

Arrivons ! - je t'envoie le manuscrit que je voudrais caser n'importe où (à tes bons soins) si quelqu'un, toi d'abord, ne juge pas ça plus qu'inutile ou trop ennuyeux.

Il m'est très nécessaire, pour les consécutivités de ce que j'ai à faire que je publie deux ou trois choses quelconques pour répondre d'avance à un commencement d'enquête (- n'aie pas trop d'horreur...) qui avait été sérieusement entrepris à l'effet de démontrer, établir, chez moi un affaiblissement sénile des facultés - lequel affaiblissement devant être envoyé après moi contre les dispositions que j'ai dû prendre...

Garde pour toi seul ta confidence de cette pieuse combinaison....

Alors j'ai quelque hâte - pensant continuellement que la mort peut se me prendre d'un instant à l'autre - j'ai hâte d'établir que j'ai encore un peu mon cerveau, ce que me démentira pas d'autre part et sur autre terrain le modeste mais évident succès de l'atelier que j'ai créé ici, presque sans ressources et à mon rereretour d'âge...

Donc j'ai tout [rature] prêt, ce 1830 (titre à volonté) puis un travail : le Poete-vierge par mon à jamais regretté Baudelaire. Là, des choses curieuses, nouvelles inattendues assurement, mais la première partie seule faite - et pourrai-je écrire la seconde ? - Enfin troisième pièce, toute en notes, à classer et recopier : Madame Bonne. Ca, mon meilleur et plus cher : un portrait que tu devines...

[...]

Ici tout continue à aller aussi bien que possible, petites santés, petites affaires. Notre bien aimée, toujours la même. Nous lui faisons faire tous les jours après déjeuner le tour de la corniche.

Quelle joie pour moi, pour nous quand tu vas venir et que je te montrerai ce que j'ai fait dans notre petite maison ! - Redis moi bien vite que ce sera, et vite ?...

Mets moi respectueusement et affectueusement aux pieds de ta chère mère et embrasse paternellement pour moi votre Lucien (qui fut toujours si aimable pour nous) et votre exquise petite Edmée.

Ton
Nadar
(-père)

Pourvu que tu ne dises pas de mon écriture ce que j'ai maudit de la tienne, chat sauvage indéchiffrable que tu es ! - Tu m'en as donné là, de la peine !..

Si les environs de 1830 valent d'être lus, je crois que c'est plutôt un coin de mensuel ou d'hebdomadaire qui peut les accueillir.

- Si tu croyais pouvoir monter jusque là, je jugerai inutile d'en parler à Madame Adam, que je considère assurement mais que je me suis laissé allé à plaisanter une ou deux fois dans des plaquettes sur Gambetta & &.

Quant au Baudelaire, une excellente amie, Mme Gevin Cassal en a parlé à Xau. Si je ne craignais de t'ennuyer par trop je te parlerai encore d'une chose à caser, mais en librairie, ce Périvier du Figaro lui ayant cassé les pattes : Louis Veuillot par Nadar.

Il y a la des lettres de lui, des merveilles... Ca ferait une plaquette. - Et justement parce que j'étais son antipode et que ceux de mon côté n'ont pas soupçonné ce qu'était cette âme là, je voudrais faire connaître & &

Mais tout ça fait bien des choses pour ton amitié et cette Excellente Mme Gevin C. s'est épuisée déjà pour moi. - Au risque d'achever le dérangement que je te donne, comme elle a fondé déjà des terrains où tu pourrais revenir, je lui écris de t'aller voir. - C'est une femme de tous les devoirs et, comme talent, elle a écrit un vrai chef-d'œuvre : « Un Bourbaki ».

Adieu, je t'embête bien - mais je t'aime bien.

N

Tâche un peu que je puisse lire ce que tu me répondras - et surtout s'ils te disent que je les embête ou que tu juges que je vais les embêter, garde toi de me le mâcher et dis le moi roide.

Références biographiques
Léon Daudet
Léon Daudet

Léon Daudet (1867-1942) est un écrivain, journaliste et homme politique français. Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, il fut l'une des principales figures politiques de l'Action française et l'un des collaborateurs les plus connus du journal du mouvement. La bibliographie des œuvres de cet écrivain engagé est abondante puisqu’il est l’auteur de 128 ouvrages.

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Nadar
Nadar

Félix Tournachon (1820-1910), connu sous le nom de Nadar, est un caricaturiste, écrivain, aéronaute et photographe français. Il se fait d'abord connaître comme caricaturiste et écrivain avant de se lancer dans la photographie à partir de 1854. Il publie une série de portraits photographiques de personnalités contemporaines et devient pionnier de la photographie aérienne en prenant des photos depuis un ballon. Son atelier devient un lieu important pour les artistes et il organise la première exposition des peintres impressionnistes en 1874. Nadar est reconnu pour sa maîtrise technique de la photographie et ses contributions à l'art de son époque.

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Caractéristiques
01-1097
Type
Lettre autographe signée (L.A.S.)
Lieu
Marseille, France
Date
11 et 26 novembre 1898
Nombre de pages
6
Format
In-octavo (in-8°)
Langue
Français
Sujet
Amitié
Photographie
Vie
Provenance
Famille Daudet
Paiements
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Conseils
personnalisés
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Authenticité
certifiée

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